Pour notre premier match de l’UFA, on s’est tous rendu en Belgique. Là-bas, ils parlent le Français mais avec un accent belge, ce qui est un peu normal. C’est comme nous, on parle le Belge mais avec un accent français, sauf qu’on se rend pas compte.
Le club qu’on a tiré, c’est Germinal Birchote Anvers. Gba pour les intimes. Sans mentir, on connaissait pas. D’ailleurs, personne connaissait. Tu parles d’un tirage à la ouanéguène. On se tape la lazio et la corogne en intertoto pour se finir sur le germinal Birchote en UFA. Va comprendre. « C’est le monde à Anvers » a dit Acariesse. Il a répété trois fois en articulant bien. J’ai fini par hocher la tête. En plus, quand j’ai annoncé aux joueurs, qu’on jouait à Anvers, ils ont pas pu s’empêcher de sortir « Ah bon, on joue plus en blanc ? » Franchement, j’ai eu ma dose.
Avant de partir, on a vérifié sur la carte. « Impossible de se gourer pour le chemin » a dit Acariesse, « suffit de tout remonter à la verticale ». Moi je veux bien, mais une fois que t’es sur la route, la verticale tu la trouves comment ? Il est bon lui. J’étais pas le seul à être préoccupé. Quand Ribéry a vu qu’on partait en bus, il a demandé « Eh mais, comment on va faire pour traverser la mer ? » J’y ai dit « Et on peut savoir quelle mer y a entre la France et la Belgique ? » Ribéry a fait mine de réfléchir puis il a répondu « la mère Michel ? » Il était temps de partir.
Au moment de partir, Barthez a demandé si des fois il pouvait venir. Nous, ça nous a surpris « Tu viens nous encourager ? » A demandé Carasso. « Ouais, ouais » a fait Barthez. Puis plus bas à moi, il a demandé si on pouvait faire un petit détour par Amsterdam, parce qu’il avait un truc à acheter. Un truc qu’on trouve qu’à Amsterdam. Je lui ai répondu que non, que c’était pas sur notre chemin et que c’était pas sérieux d’aller en Allemagne alors qu’on joue en Belgique. Barthez a dit que puisque c’était comme ça, il venait pas, qu’il avait autre chose à faire et qu’il me retenait.
La bonne nouvelle, c’est que Robert Louis-Dreyfus a tenu à faire un geste pour notre premier match UFA. Il a dit « Ecoutez, quand vous serez en Belgique, payez-vous donc une bière. C’est pour moi, ça fait plaisir ». Au début, on était contents et tout. Mais tu parles, on avait mal compris. En fait, Robert Louis-Dreyfus, il nous a payé une bière mais une bière pour toute l’équipe ! Je t’jure, on avait l’air fin dans le bar, tous sur la même choppe avec 25 pailles. Enfin 24, Nasri y a pas eu droit.
C’est le président du Germinal qui nous a accueillis devant son stade. Bizarrement, il portait pas un casque avec une lampe dessus comme on s’y attendait mais un bob à carreaux et des lunettes fumées. C’est bien simple, il était quasiment déguisé en tapisserie. « Vous devez être l’olympique de Marseille, une fois ? » Il a dit. En même temps, c’est marqué sur le bus. Pas de quoi crâner. À cet instant, tous les joueurs sont sortis du bus en se bousculant et en criant parce que le dernier sorti, il avait un gage. En voyant ça, le président du germinal a soupiré « J’étais certain que vous nous enverriez la réserve ».
Une fois de plus, Fernandèze a pas pu s’empêcher de mettre cinq défenseurs. Moi j’y ai dit « Mets-en quatre, ça ira très bien ». C’est le Germinal Birchote, c’est pas une vraie équipe de foot non plus. Mais il a rien voulu savoir. Pour mieux se donner raison, il a tenté de citer un proverbe metzin « Prudence est mère euh... Prudence est mère... » « Mère Michel ! » a crié Ribéry. C’était la goutte. « Bon allez, t’as gagné tu joues pas ! » J’ai gueulé. Non, c’est vrai quoi. Il sait pas s’arrêter celui-là.
Le match ? Pouah une horreur ! D’un ennui, que je te raconte pas. Y a même un journaliste qu’a tenté de se tailler les veines avec son accréditation. C’est pas compliqué, y a rien eu. Et quand je dis rien, c’est rien. Même pas une passe ou une touche. Rien ! On aurait dit Allemagne-Autriche de 82, sauf que eux c’était fait exprès.
La seule animation sur le terrain a eu lieu entre Rimenez et Mendoza. Pourtant avant le match, enfin avant ce truc qui a duré une longue heure et demi, on leur avait bien expliqué. « Vous jouez dans la même équipe, vous êtes copains ». Tu parles, à peine les caméras avaient le dos tourné de l’attaque, c'est-à-dire tout le temps, les deux ont pas arrêté de s’envoyer des piques, et même des trèfles et des carreaux. Toutes les cartes y sont passées sauf les cœur à la limite. Rimenez a dit « Lé condor, alors con lé réveille ! » Mendoza lui a répondu « Ici cé pas la souisse, il faut courir pour marquer eh cono ! »
Comme si ça suffisait pas, Carasso a passé tout le match à cloche-pied, rapport à son gage reçu quand il est sorti du bus en dernier. En voyant ce calus perché sur une jambe, ni une ni deux l’UFA a décidé de le convoquer pour un test antidopage. Et ça a pas loupé, il a été contrôlé positif aux pépitos. On était bien embêtés.
Pour finir, le match était diffusé sur Paris Première. Moi au départ, j’étais pas chaud pour que ça soit eux qui diffusent vu que c’est quand même une chaîne de paris. Si ça se trouve, j’invente rien, c’est eux qui nous ont porté le chat noir. Toute façon, on est tranquilles pour le retour. Paris Première, ils nous ont dit que pour eux l’OM c’était une dernière. [/b]
